Guichets fermés


Si on se tient au mot Gewalt que l’on traduit de l’allemand par violence sans prendre en compte que dans la langue de Hölderlin et d’Herr Kinzler, elle n’a pas la seule connotation péjorative du français, car elle comprend quelque chose d’axiologiquement neutre en incluant dans sa définition les termes de force et d’autorité politique et spirituel, on comprend mieux en ce lundi soir la phrase de Weber sur l’État comme détenteur du monopole de la violence légitime. Si en plus, on transfère les propriétés de la Violence à la Technique, comme une archê, c’est-à-dire « ce qui met en branle un processus », on part se coucher de satisfaction et de honte mêlées se disant qu’on vient d’entr’apercevoir dans les rais lumineux de nos paupières tombantes quelque chose de fondamental, de lourd pour l’humanité ou d’encourageant pour notre petite intelligence selon que l’on se place ou pas du bon côté du Bonheur universel.
Nous parlâmes de la joie mauvaise qui secoua comme des possédés l’ensemble de la presse au sujet de la crise financière et du système économique qui va à vau-l’eau. Bien sûr, nous y voyons un tropisme gaucher (bolshy) dans les consciences pures et objectives des salles de rédaction, le monde diplomatique, l’éminent, le respectable Monde Diplo a barré sa Une, derrière laquelle on imagine bien se contorsionner de bonheur et de grandeur moralisatrice les éditorialistes, « le jour où Wall Street est devenu socialiste ». La presse s’est payée le marché. Sous ces injonctions, le capitalisme va cesser d’exister. En parallèle se déroule, et sans qu’on comprenne bien pourquoi la foire corporatiste tient place dans l’Agenda présidentiel, les États généraux de la presse. Le chef de l’État y a tenu discours devant des professionnels de la profession soucieux et profondément méditatifs avant et après la digestion. Entre autres choses, on y apprend par le biais d’une jolie expression dans notre canard fétiche (« tendre la sébile ») que le budget de l’État réserve une enveloppe de 284 millions d’euros pour le secteur. Nous l’ignorons, mais les journaux, loin d’être de fières groupes indépendants, ressemblent davantage à des demi-associations subventionnées. On comprend mieux leur aversion du marché. Le marché les a plumé. Et il est donc déontologique de dire du bien de son bienfaiteur et de nourrir rancœur et amertume. A ce titre, les professeurs proliférant dans les cursus de l’économie et social dans la grande maison de l’Educ-Nat prodiguent la bonne parole théorique de l’État et les vertus de l’impôt, dont ils sont, il ne faut pas l’oublier, les bénéficiaires.
Par quelque occasion, l’État ne manque pas de rappeler de sa nécessité et de son emprise tous les jours grandissante.

*Agenda : ce qui doit être fait
* »Et l’écueil d’une nouvelle mise sous perfusion de la presse habituée par l’Etat depuis des années à « tendre la sébile » (284 millions d’euros d’aides directes à la presse budgétées en 2009) », les Echos du deux octobre

Les lobbys obscurantistes, les populistes, les enfonceurs de système, les malins de l’apocalypse, les vendeurs de présages fous et sensationnels en auront pour leur grade. Je me permets de reproduire le texte d’Augustin Landier et David Thesmar. J’enfonce le clou et je crie avec les vautours. (suite…)
Pour peu qu’on accorde à ce modeste blog, valeur de témoignage dans des temps futurs, je me dois donc de livrer aux curieux mes impressions de particulier balayé de plein fouet par la crise financière, « le 11 Septembre financier », qui ébranle tout sur son passage. Probablement, cette crise aura un avant et un après, comme tous les lundis noir, les 21 avril ou annus horribilis de saison. Tout le monde se rappelle de son 11 septembre 2001, je ne voudrais pas avoir l’air finaud, à la question : « que faisiez-vous en Septembre 2008? ».

L’entreprise qui m’emploie croît fortement et satisfait aux injonctions de croissance de notre propriétaire, lui même un fonds d’investissement anglo-saxon. Le marché de niche dans lequel nous sommes confortablement cramponné est profitable. Ici, la crise n’a pas autant de répercussions sonores que le chahut des employés, seul, le dollar bas a minoré quelques unes de nos performances, c’est du moins l’excuse pour ne pas gonfler nos augmentations. Pourtant, tout mon département est secoué par une vague de départ, de démissions et de claquements de porte, comme si les rats quittaient l’opulent navire. Certains, même, quittent leur poste, sans avoir trouvé un autre gagne-pain, arguant qu’au bout du préavis, ils auront basket à leur pied. Le marché est ouvert. C’est largement possible de gagner plus à l’extérieur. C’est dire si la crise nous fait bien rigoler. Il sera même possible, fort de ce pouvoir de pression, de gagner plus en travaillant moins dans quelques semaines. Cela vaut, bien sûr, si vous avez quitté la France.

Tel un imperturbable lumignon dans les décombres de France-Culture, nous nous attendions à ce que Répliques, l’émission d’Alain Finkielkraut, rempile pour sa vingt-et-unième saison. Pourtant, samedi, nous eûmes droit à une rediffusion. Certes, la nouvelle saison propose quelques émissions, encore accessible sur le site, mais le programme des prochaines semaines tarde à s’afficher. Le climat ambiant dans la station ou peut-être l’état de santé de Finkie laissent craindre une suspension de ce programme indispensable. L’année de Saint-Paul, je n’ose pas y croire…
Carla Sarkozy, lors d’un long entretien publié dans un quotidien français, avait déclaré : « je suis épidermiquement de gauche ». Révélatrice, cette citation d’une grande bourgeoise (et ce n’est pas un reproche) qui illustre un nouveau cheminement dans l’histoire des idées. Jadis, en effet, être de gauche était le fruit d’un parcours intellectuel, éclairé par le savoir et la connaissance, qui nous faisaient basculer dans le camp du progressisme, de l’avant-garde, délesté des oripeaux de l’obscurantisme conservateur. (suite…)
Le 28 août, le journal Libération, en une, affichait son titre : « le krach au bout de la rue », en écho à la phrase du président Hoover qui quelques jours avant la crise de 1929 plastronnait que la prospérité était au coin de la rue. Les programmes scolaires ont largement inculqué à leurs ouailles la fausseté et l’aveuglement de cette phrase benoîte et optimiste avant le désastre économique, que tout le monde connaît. Je suis donc étonné que nos titreurs se laissent, probablement aveuglés par leur joie mauvaise, glisser dans cette allusion mal venue. Puisqu’en se plaçant sur le même registre, on joue la comparaison avec le prophétisme angélique ou diabolique, l’incantation et pas le domaine factuel. Tous les jours, en effet, on nous prophétise la déroute du système, comme on l’eût constaté pour le système soviétique. Les prix du pétrole flambait selon la formule consacrée, une crise pétrolière sans précédent alimentait le fourneau des âmes trépidantes, son prix s’est dégonflé. L’immobilier défaillait, nos esprits malins mettaient tout le monde à la rue. Ce week-end a été noir. On entend les rires sataniques couvrir la faillite de la quatrième plus grande banque d’investissement (à ne pas confondre avec une banque de dépôt). Bien sûr, sévère est la crise, es liegt mir fern de contredire le vénérable Economist, la fin des modèles que constituaient General Motors pour le versant sociale et Dell pour l’aspect économique forcent les américains à une mutation, car il faut raison garder, cette crise est une des nombreuses qui ont secoué l’économie américaine ou pour voir ample, cosmique. Qui se souvient de l’éclatement de la bulle internet, de la crise de l ‘épargne (ici), du 11 septembre, et j’en oublie et des passes et des meilleurs?

Je me réjouirais d’une chose, c’est de l’érosion violente de la place de la finance dans l’économie mondiale.

Les anti-OGM français en lutte contre Monsanto ont atteint leur objectif : 100 % des plantations expérimentales effectuées cette année par le géant américain dans l’Hexagone sont désormais détruites. Les dernières ont été arrachées vendredi dernier. A Valdivienne et Civaux, dans la Vienne, une centaine de faucheurs volontaires, dont José Bové, s’en sont pris à deux parcelles où le premier producteur mondial de semences génétiquement modifiées cultivait du maïs de type MON810. La destruction d’une troisième plantation, à Valdivienne également, a été découverte dans la foulée. Deux essais en Haute-Garonne et dans le Gers avaient déjà été visés en juin.

Cible de prédilection des militants anti-OGM, Monsanto a réagi hier par un communiqué vengeur, où le groupe dénonce « l’acte de vandalisme du 15 août », qui signe selon lui « le retard quasi irrattrapable de la recherche française en biotechnologie végétale ». « Un pays qui laisse une poignée d’obscurantistes saccager sa recherche se prive de toutes les promesses de progrès que celle-ci porte pour le présent et pour l’avenir », s’indigne Laurent Martel, le directeur de Monsanto France.

Les activistes qui ont participé à l’arrachage s’abritent, eux, derrière l’interdiction de la culture et de la commercialisation du MON810, en vigueur depuis février en France. Monsanto, pour sa part, souligne que ses expérimentations « ont préalablement reçu du ministère de l’Agriculture toutes les autorisations requises » et qu’elles font « l’objet d’un suivi continu de la part des services administratifs de la protection des végétaux ». Le décret du 9 février 2008 autorise en effet la multinationale à cultiver des parcelles de MON810 destinées aux essais, en dépit de l’interdiction qui frappe cette variété de semence.

Comme mon ami Gaudin m’a tout pris dans la compréhension et le décryptage du monde et de son cinéma, je suis cantonné à des espaces restreints, à quelques lagunes, telles que la critique des comédies romantiques (promis) et la banale chronique des anecdotes minuscules qui ont toutes leur place sur ce merveilleux weblog. C’est parti.
Alors que je regardais l’émission du jour de « Questions pour un champion » qui mettait en scène les exploits d’un bon belge penaud, j’ai souffert de la très désagréable impression de la clownerie que je croyais déchu à d’autres programmes conçus pour. Entre un candidat qui revenait dix-sept ans après sa première prestation, la mère d’une grande ex-candidate richement récompensée par le superjackpot, un homme brocanteur de son état, s’est illustré lamentablement. Sa passion, qu’il voulait faire partager dans un jeu de culture générale, est celle de l’imitation, de la mauvaise imitation. A chacune de ses interventions, qu’elles fussent ou réponses ou mots de présentation, nous eûmes droit à de mauvaises et méconnaissables imitations du plus haut degré de pathétique, atteignant dans son opiniâtreté, un sommet dans la honte parfaite. Notre homme voulant se placer probablement dans d’autres émissions où il aurait sa place, comme il le croit, persistait dans le comique de salle des fêtes, persistait dans d’intempestives. Je voulais juste passer un bon moment. Ce fut étrange et pénible.

Extrait de mon journal économique de comptoir du jour:

Dans une tribune du « New York Times », subtilement intitulée « French Connection », l’économiste Paul Krugman faisait récemment l’éloge du « modèle français » de l’Internet haut débit : un équilibre délicat entre compétition et régulation qui a produit des résultats spectaculaires en termes de prix et de débit (trois fois plus élevé qu’aux Etats-Unis). Et Paul Krugman de rappeler que la France était, à l’inverse, très à la traîne des Etats-Unis au début des années 2000 (pénétration américaine quatre fois supérieure alors). (suite…)

Un blogueur, certainement plus malin que les autres, s’étonne que parmi une conseillère d’Etat, un Adjoint au maire de Paris pour les questions culturelles, un directeur d’une grande station radiophonique, personne ne remarque comme lui, sur la base d’un faisceau de citations hétéroclites, que le « bouquin », la grande déculturation de Renaud Camus est « un torchon méprisable ». Je tiens humblement à le remercier, j’ai lu en janvier une version de ce livre, disponible sur internet, et je ne l’avais nullement constaté, même -honte et repentance- l’avais trouvé excellent. Nul ne devrait mésestimer le rôle des vigilants.

Pour ma part, j’ai cru, et je m’en excuse, qu’il s’agissait d’un essai sur les effets de l’hyperdémocratisation dans la culture, donnant une suite aux réflexions de Tocqueville ou d’Hannah Arendt dans crise de la culture, mais, pas du tout, tout aveugle et naïf que je fus (pardon!) c’est paraît-il, un livre qui ne préoccupe que de « distinctions raciales » (j’avais rien vu venir).

Par exemple :

Cet effet dévastateur de la démocratie dans des domaines qui sont incompatibles avec elle est d’autant plus foudroyant qu’elle est, lorsqu’elle y intervient, plus étroitement assimilée à sa valeur centrale, l’égalité. Ni la famille, ni l’éducation ni la culture ne peuvent s’accommoder de l’égalité. Encore les deux premières, et surtout la seconde, l’éducation, n’exigent-elles, pour remplir leur fonction dans la société, que sa suspension provisoire et de convention : durant le temps de sa formation l’enfant n’est l’égal, par convention, ni de ses parents ni de ses maîtres ; cela n’attente en rien à la fondamentale égalité de droits entre les individus et entre les générations (tour à tour, à mesure qu’elles arrivent chacune à maturité). Mais la culture est sur ce point plus radicale, plus stricte en ses exigences et en ses exclusions — l’égalité n’y est pas suspendue pour un moment, le temps d’une enfance, d’une heure de classe ou d’une année d’études : elle y est frappée d’un défaut de pertinence fondamental et définitif. Répétons-le, la seule relation concevable entre égalité et culture, et elle est très indirecte, et totalement extérieure à la culture elle-même, c’est l’aménagement difficile, très difficile, presque impossible, mais certainement souhaitable, d’un égal accès à cette inégalité radicale, à ce lacis d’inégalités principielles, la culture.

Se cultiver, c’est se rendre inégal à soi-même. C’est aussi — mais ce point est déjà beaucoup plus difficile à faire admettre en société hyperdémocratique (laquelle n’est en aucune façon, précisons-le une fois de plus, l’achèvement suprême, le couronnement, l’épitomé de la démocratie politique, mais sa transplantation impérialiste dans des domaines qui lui sont étrangers), et d’ailleurs il n’est pas d’une importance primordiale, mais il est néanmoins incontestable — c’est aussi se rendre inégal aux autres, à ceux qui sont moins cultivés : non pas certes inégal juridiquement, mais culturellement ; non pas en droit, mais en esprit. Il n’était pas sans importance qu’on parlât jadis, et il est significatif que le terme soit à peu près tombé en désuétude, peut-être à cause des ses relations déplaisantes avec l’élevage, d’élever les enfants ; et d’enfants et de personnes plus ou moins bien ou mal élevés. J’aime mieux retenir les liens suggérés, ou mis en avant par le terme, avec l’élévation. Se cultiver c’est s’élever, apprendre à voir les choses et le monde de plus haut.



Au réveil.

Je vous sens tout tourneboulé à la suite de la lecture du post qui encourageait les gens à l’abonnement papier du journal de référence pour participer citoyennement à la déforestation. J’ai mauvaise conscience, j’en ai gros sur la patate bio. J’ai une dette durable au moins aussi grande que celle de l’Etat français.
Grâce à CNNmoney, j’ai eu l’idée qui fera de ce lieu virtuel un espace éco-équitable accueillant et souriant et j’en suis soulagé. Dans l’Utah, plus connu pour les plus adlériens d’entre vous, comme le lieu des mormons, le gouverneur (républicain) accorde à 17 000 de ses 24 ooo suppôts la semaine de quatre jours, pour le motif d’économie d’énergie. Mieux que Martine Aubry et dominique Voynet réuni-(e)-s! Les fonctionnaires ne viendront plus le vendredi pour ne plus utiliser leurs voitures polluantes ni abuser de l’électricité, s’ils n’oublient pas d’éteindre avant de partir! Mais des écolos hard-core comme eux, je serais bien étonné. Toutefois, sarcastique, l’article mentionne que ce sont les associations de golf qui vont faire florès. J’en doute, journalistes jaloux, car quand on travaille moins, on fait moins de sport, c’est connu.

Les républicains, une autre écologie est possible

Branchez vos écoutilles. Vers 17 heures, France-Culture organise aujourd’hui, sur ses ondes, un débat autour du livre de Renaud Camus, « la grande déculturation« avec l’écrivain en personne. Lui qui se plaint de n’être un bon debater devra affûter tout de même son élocution car il sera confronter au tenace Girard et au chef de la station, David Kessler, descendu de son estrade vers l’arène où l’ont poussé imprudemment Martel et Élisabeth Lévy au cours de passe d’armes que vous n’ignorez pas, plus ou prou. Renaud Camus n’est pas finkie, ni zemmour et risque fort de s’embourber en terrains hostiles (ce n’est pas son métier par ailleurs).
J’ai lu le livre sur internet en Janvier, je l’ai imprimé en soixante-dix feuillets, puis j’en ai oublié la teneur, ce débat sera l’occasion d’un rafraîchissement de la mémoire. Ce n’est pas le compte-rendu de Martel sur non-fiction.fr qui m’y a aidé.
Je m’étonne pourquoi ce livre-ci est sorti du silence dans lequel on parvient facilement à confiner les oeuvres de Camus. Certains franc-tireurs commandités ont essayé de faire mousser leur petite conscience en l’enterrant vivant (raciste et minable selon Martel, Passouline sur son blog), mais c’est à croire qu’à l’instar des films des frères Coen où le cadavre mal tué bouge encore, la police de la pensée ne soit que des petits-bras nickelés.
Mon abstinence au football se porte bien. Malgré quelques difficultés à mener une conversation avec les frères, je trouve que je m’en sors correctement. Je n’ai plus fait une connection à l’équipe depuis trois mois. C’est plus simple que je ne l’imaginais. Par contre, le défi sera ces jours prochains d’échapper à l’inébranlable propagande de l’événement. Même ma station de musique classique en parle, c’est dire dans quelle sorte de couvent on doit se murer pour échapper à l’emprise de cet opium qu’on nous administre de force.

Qu’on se rassure, les voyants commerciaux sont déjà au vert, ils n’ont donc pas besoin de moi.

(suite…)

Fido est une comédie d’horreur de bonne tenue, à la jonction de l’ironie et de la parodie de séries b des francs-tireurs du cinéma indépendant d’outre-atlantique (Dante, Roméro) et de la féerie grand-spectaculaire de ce même cinéma américain (Shamalayan, Burton). Le film raconte la normalité d’une société qui a surmonté une guerre contre les zombies ressurgis des Enfers suite à une rencontre fortuite de la planète avec un nuage stellaire radioactif. Cette guerre a permis à des communautés de se reconstituer à l’abri des Zones sauvages où règnent le chaos des morts-vivants, relégué dans une sorte de banlieue, en quelque sorte. Dans la tranquillité de la société de consommation, des gadgets fleurissent tel des colliers électroniques, commercialisés par une firme toute-puissante, Zomcon, qui placent sous contrôle les zombies stupides et assoiffés de chair. C’est ainsi que la société prospère en domestiquant une sous-catégorie de personnes dévolues aux tâches d’entretien et de bien-être. Une famille décide de s’attacher les services d’un zombie sans penser qu’il apportait beaucoup plus que des ennuis…

Les rares exégètes qui se sont penchés cinq minutes sur ce film passé tout à fait inaperçu, y ont vu une dénonciation de la ségrégation raciale des années cinquante dans l’horrible pays de la famille Bush. Je n’irai pas jusque là, les zombies sont tout de même idiots et très limités et je ne risquerais pas ici à ce que la Halde me tombe sur la truffe. Il y a un moment où le zombie brise ses chaînes dans l’usine, mais cela n’échappe pas à la dimension praodique. Il y a de situations intéressantes, notamment autour du père, salaud bien plus sombre que ce qu’il n’y paraît. Traumatisé par le fait d’avoir, à onze ans, abattu son père devenu zombie, il ne veut plus vivre sous l’emprise des sentiments pour éviter de devoir rééditer ce drame. Il n’est donc qu’un mauvais père qui attend la mort (la vraie, la tête tranchée, pas la mort-vie, attention) et qui comme seul cadeau pour son fils lui offrira un pistolet avant ses douze ans. Mieux vaut-il attendre la mort ou la mort-vie éternelle de zombie ? Mieux vaut-il « le bonheur sous contrôle » sans sentiment pour son prochain, qui sera un potentiel ennemi ou les grands sentiments de l’imprévisibilité ? Je laisse les limiers du gaudinisme trouver des exégèses savantes.

There will be blood, titre intraduit en français, car il aurait perdu à coup sûr son piment churchillen, sentencieux et prophétique.

(suite…)